Quand on marche, le corps est « dynamisé », mis en mouvement. L’effort est parfois bien réel, mais il y a régulièrement des temps où les pas se posent, avec un rythme lent et régulier. Les toxines se libèrent, le corps exulte. La marche est l’activité « sportive » la plus naturelle qui soit. Reliée aux origines de l’humanité, elle a longtemps été son moyen de déplacement principal. Marcher pendant des heures, c’est un peu comme prendre le train : confiant dans son véhicule, on se laisse porter. Les heures filent et l’esprit est libre de vagabonder, laissant place à la rêverie.
« (…) vivifiée par la nature et revêtue de sa robe de noces au milieu du cours des eaux et du chant des oiseaux, la Terre offre à l’homme dans l’harmonie des trois règnes un spectacle plein de vie, d’intérêts et de charme, le seul spectacle dont ses yeux et son cœur ne se lassent jamais. »
J.J Rousseau. Rêveries d’un promeneur solitaire.
Quand on randonne avec d’autres personnes, souvent la parole se délie, on se sent reliés aux autres dans une activité commune et bienfaisante, les heures se suspendent, on perd la notion du temps. La marche relie les corps, les cœurs et les esprits. On rentre chez soi satisfait et souriant. La randonnée opère en nous, malgré nous. Elle nous nourrit et à chaque sortie en plein air, j’entends une voix s’élever au sein du groupe: « – Ahhh ! ça fait du bien ! ». Et ça fait plaisir d’entendre cela !
Il y a une autre manière d’appréhender la randonnée : par la solitude. Sans s’engager sur des itinéraires délicats qui pourraient transformer notre sortie en mauvaise expérience, la marche en solitaire force le silence et la contemplation. Elle permet un retour sur soi et devient méditation, si on oriente notre attention sur le souffle et la sensation. Dans tous les cas, on quitte les limites confortables de son chez-soi pour se réinvestir : on s’échappe, on s’isole, on repousse un instant les sollicitations trépidantes de la ville pour reprendre de la consistance. La marche est un interstice, un espace de liberté dans un monde trop rapide. C’est un temps où le temps ralentit, on perd presque parfois le sens de la mesure et le monde reprend sa juste place. Les distances sont parcourues avec conscience et lenteur et on retombe en soi-même, avec pour seul poids celui de son sac à dos.
Outre les effets positifs prouvés de l’activité physique, se promener dans la nature aurait-il des bienfaits sur le moral ?
Le docteur Qing Lee, spécialisé en immunologie, membre fondateur de la société japonaise de sylvothérapie, dirige des recherches sur les bienfaits de la nature. Dans son livre « Shinrin Yoku », du même nom de la pratique qu’ il décrit, il relate le lien que les japonais ont à la forêt : les enseignements spirituels anciens incluent la nature et la relie aux hommes (shintoïsme, bouddhisme zen…). Les hommes et la nature font partie d’un tout et sont, dans l’absolu, non-séparés.
Le docteur Qing Lee détaille ensuite la conclusion de ses recherches. Après avoir lui-même passé trois jours immergé dans une forêt, il ressent un bien-être significatif et décide alors de mener des recherches sur le sujet.
Ses conclusions sont : diminution significative du stress, amélioration de la qualité du sommeil, de l’humeur, et de la santé en général. Il parle des vertus des phytoncides, (substances chimiques produites par les arbres), de certains champignons, mais aussi des odeurs, en particulier des pins sylvestres, de l’agencement fractal (brisé, morcelé) des forêts, des paysages. La beauté en elle-même favorise en effet un sentiment positif et le toucher aurait également un effet apaisant : palper les éléments de la nature, marcher pieds nus…
Ces bienfaits se font malgré nous, pour notre plus grand bonheur !
On pourrait se demander alors: « – Pourquoi rajouter de la sophrologie à la rando en pleine nature ? »
Et bien, tout dépend de la manière dont nous appréhendons notre randonnée. La sophrologie prend tout particulièrement soin de l’intériorité, elle découvre peu-à-peu la conscience sereine en nous. Prendre le chemin de la sophrologie, c’est détacher les voiles qui nous coupent de notre sérénité profonde. La sophrologie s’appuie sur le mouvement, sur la concentration puis la contemplation. Elle prend en considération la respiration et les cinq sens.
La sensation, c’est ce qui nous relie au monde extérieur. Par le toucher, la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût, on vit, on sent son environnement.
Avec la sophrologie, nous allons ressentir de plus en plus notre corps, être davantage réceptif. Puis nous allons percevoir l’environnement avec davantage d’intensité. Par la concentration, aidé du mouvement, le mental recule et laisse place au sentiment et à la sensation positive.
Vivre la sophrologie dans la nature, lors d’une randonnée, c’est prendre soin de son intériorité afin de vivre l’extérieur avec sérénité, c’est s’ouvrir aux langages positifs de la nature et en respirer les mystères.
De retour à la maison, l’esprit est plus léger, la fatigue physique est positive.